Notre rapport destiné à Patrimoine canadien : Study of the Crafts Sector in Canada

En début d’automne, la Fédération canadienne des métiers d’art/Canadian Craft Federation a présenté à Patrimoine canadien un rapport intitulé Study of the Crafts Sector in Canada (Étude sur le secteur des métiers d’art au Canada). Cette étude met en évidence l’impact économique du secteur, sa diversité et son potentiel de croissance, notamment en matière d’exportation.Un aperçu du rapport, dont la version complète est disponible ci-dessous (en anglais).

Introduction : Les métiers d’art au Canada

Le secteur des métiers d’art canadiens comprend un ensemble dynamique d’artistes, de studios, d’entreprises, de guildes et de galeries, dont la qualité est saluée dans le monde entier. Profondément ancré dans la culture et l’économie du pays, ce secteur puise dans une gamme variée de matières pour créer des œuvres traditionnelles ou contemporaines. Il est soutenu par un réseau de parties prenantes, d’organismes, de galeries et d’établissements d’enseignement, qui contribuent à son dynamisme et à sa pérennité.

Les métiers d’art canadiens transcendent la frontière entre beaux-arts et confection, embrassant une diversité des pratiques où l’origine des matières et des techniques expertes s’entremêlent avec l’expression artistique. Pour en savoir plus sur la diversité des pratiques du secteur, cliquez ici. Cette grande variété peut être constatée partout au pays, chaque démarche artistique portant l’empreinte unique des matières, traditions et communautés locales. Le secteur prospère grâce à l’innovation, en mariant les nouvelles technologies aux savoirs traditionnels et en bénéficiant d’un solide réseau de mentorat et d’apprentissage, qui s’adapte aux plateformes éducatives modernes tout en préservant la transmission des compétences pratiques.

La contribution des professionnel·le·s des métiers d’art au marché du travail canadien est importante, générant 29 858 emplois en 2021. Ces artistes, qui n’en sont pas à leurs débuts, ont atteint un niveau d’expertise qui leur permet d’assurer plusieurs rôles à la fois : de la conception à la fabrication, en passant par la vente d’objets, la gestion d’entreprises ou l’organisation d’expositions. Leur travail soutient le secteur culturel et crée une demande pour divers services professionnels, illustrant ainsi son large impact économique.

Impact économique


En 2021, le secteur des métiers d’art a joué un rôle important dans l’économie canadienne : sa contribution aux exportations canadiennes s’est chiffrée à 4,53 milliards $. Selon Statistique Canada, il a contribué à la hauteur de 2,668 milliards $ au produit intérieur brut (PIB) du Canada. Les métiers d’art constituent aussi un attrait majeur pour les marchés locaux et mondiaux, en favorisant l’essor du tourisme, des exportations et de l’entrepreneuriat.

Les principaux partenaires commerciaux dans ce secteur sont les États-Unis (de 2017 à 2021, les exportations ont crû de 2,947 à 3,989 milliards $) et l’Union européenne (413,9 millions $ en 2019).

Défis et potentiel de croissance


Malheureusement, le potentiel d’exportation des métiers d’art du Canada est souvent sous-estimé et plusieurs défis freinent son essor.

  • La Nomenclature des biens culturels canadiens à exportation contrôlée, en particulier en ce qui a trait aux objets d’art appliqué et décoratif, nécessite des licences spéciales et complique le processus d’exportation.
  • Les œuvres de métiers d’art admissibles à l’exportation, mais fabriquées à l’étranger sont souvent faussement étiquetées comme « canadiennes », ce qui nuit à l’intégrité de l’indication « fait au Canada ». Cet écart pose des problèmes pour la réputation du secteur, car la production locale est cruciale pour véhiculer l’authenticité et l’importance culturelle.
  • L’accès aux matières, les facteurs liés à l’expédition et l’augmentation du coût des matières premières constituent des obstacles supplémentaires pour les artistes des métiers d’art, ce qui a un impact sur leur production et la pérennité de leur pratique.
  • La formation et le mentorat restent essentiels à la pratique des métiers d’art, mais il existe un écart notable dans les possibilités de formation officiellement reconnue ou informelle, en particulier pour les métiers d’art autochtones et patrimoniaux.
  • La mondialisation et les progrès technologiques génèrent plusieurs nouvelles occasions favorables pour les artistes, mais risquent également de diluer les traditions locales. Des efforts sont en cours pour préserver les compétences traditionnelles et reconnaître les métiers d’art comme faisant partie intégrante du patrimoine culturel au centre de ces influences mondiales.

De façon générale, le secteur des métiers d’art canadiens est confronté à deux grands défis : composer avec une économie et des lois complexes, et s’efforcer de préserver l’authenticité et l’importance culturelle des métiers d’art. Pour relever ces défis, il est nécessaire d’ériger des systèmes de soutien robustes dans l’ensemble du pays. Les organismes communautaires, les organisations gouvernementales et l’ensemble de la population peuvent jouer un rôle essentiel en défendant le secteur et en assurant sa pérennité.

Métiers d’arts et pratiques autochtones

Il est absolument essentiel de soutenir les artistes autochtones pour veiller à leur pleine participation à l’importation et à l’exportation des métiers d’art. Les pratiques autochtones sont imprégnées d’un lien profond avec la terre, car elles sont l’expression tangible des relations spirituelles et environnementales que les peuples autochtones entretiennent avec leurs territoires. Ces œuvres n’ont pas seulement une fonction esthétique : elles sont aussi des dépositaires essentielles de leur identité et de leurs savoirs culturels.

Les métiers d’art autochtones traditionnels et contemporains englobent un large éventail de pratiques, notamment la sculpture (bois et pierre), la fabrication de bijoux, la fabrication de tambours, les arts du verre et du métal, l’art textile, la céramique, l’écorçage, la décoration de piquants de porc-épic, le touffetage, la gravure, le dessin, le perlage, la broderie et la vannerie.

Cependant, les lois sur le droit d’auteur en vigueur au Canada ne protègent pas adéquatement les savoirs autochtones, ce qui permet souvent leur exploitation sans reconnaissance ou compensation appropriée pour les artistes. Des initiatives telles que l’Indian Arts and Crafts Act aux États-Unis, ainsi que les étiquettes Igloo au Canada, visent à protéger et à authentifier l’art autochtone en aidant la population à repérer les produits authentiques.

Il est essentiel de respecter les protocoles des métiers d’art autochtones ainsi que de préserver l’authenticité des œuvres, leur attribution adéquate et le patrimoine culturel qu’elles expriment. De plus, la connaissance du Traité Jay est essentielle pour les artistes autochtones qui cherchent des débouchés aux États-Unis, car il leur donne le droit d’entrer sur le territoire américain pour y travailler. La compréhension de ce traité et de ses exigences en matière d’identification souligne l’importance des connaissances et des protections juridiques pour faciliter les engagements professionnels transfrontaliers des artistes autochtones.

Miser sur le potentiel de croissance


Avec l’appui d’investissements gouvernementaux importants et stratégiques, le potentiel de croissance du secteur des métiers d’art canadiens est élevé. En effet, son succès dépend du soutien du gouvernement par le biais de prix, de subventions, de bourses et de prêts. Favoriser la collaboration entre les artistes, appuyer les programmes de mentorat, promouvoir l’enseignement des métiers d’art, protéger les savoirs et techniques autochtones, soutenir les conseils des métiers d’art des provinces et territoires… le gouvernement dispose de nombreuses façons de contribuer à un écosystème des métiers d’art plus solide pour l’ensemble des parties concernées.

Conclusion


Le secteur des métiers d’art contribue de manière importante au PIB du Canada et à la création d’emplois partout au pays, tout en mettant en valeur sa diversité culturelle et son innovation artistique. Il est toutefois méconnu et a besoin d’un soutien durable pour prospérer pleinement. Les parties prenantes doivent travailler de concert pour défendre et promouvoir le secteur des métiers d’art à l’échelle nationale et mondiale pour assurer sa croissance et la préservation de ses pratiques d’une valeur inestimable pour les générations futures.

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Study of the Crafts Sector in Canada ici!