Le samedi 10 mars, une foule de plus de 200 personnes s’est rendue sur le campus de l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario, à Toronto, pour assister au symposium « L’artisanat et la nouvelle économie », organisé par le Conseil d’artisanat de l’Ontario.
L’événement a donné lieu à des exposés et à des discussions dirigées avec 15 conférenciers de formations diverses. Des artisans, des fabricants autodidactes, des designers, des blogueurs, des éducateurs, des architectes et des experts-conseils de partout au Canada et aux États-Unis ont mis leurs perspectives en commun dans le cadre d’une série cohésive d’exposés, qui avaient plus l’air de conversations naturelles que d’exposés magistraux.
Marie O’Mahony, nouvellement membre du corps professoral de l’Université de l’EADO, a inauguré la journée avec un discours portant sur son expérience avec les textiles, en Australie et en Europe. Sa question « L’artisanat peut-il sauver les consommateurs de la production de masse? » était une excellente manière de donner le ton au reste de la journée, surtout lors du premier panel, qui portait principalement sur les pratiques commerciales durables et les contextes commerciaux.
Les conférenciers, lors de cette séance, ont puisé dans leurs expériences et leurs recherches personnelles pour discuter des différences régionales en ce qui concerne la raison d’être de l’artisanat et les perspectives entretenues à son égard, pour promouvoir l’idée de l’artisanat en tant que produit artistique, et pour encourager la collaboration dans la conception, la production et le développement. Kriston Gene a été particulièrement provocant lorsqu’il a déclaré trouver « absurde » de vouloir changer la valeur que les gens accordent à l’artisanat, trouvant qu’il est plutôt préférable de consacrer son énergie à la valorisation de la marque, à la promotion et au design. Bien qu’il ait lui-même admis que sa partenaire à Tsunami Glass (Eva Milinkovic) ne partageait peut-être pas son avis, sa perspective était sans aucun doute matière à réflexion.
Il est permis de croire que le deuxième panel, qui portait sur le DIY (bricolage ou fabrication indépendante) et le Craftivism (activisme par l’artisanat), a volé la vedette en faisant rire à cœur joie les spectateurs par sa vision honnête de la compréhension et de l’appréciation de la société envers l’artisanat. (Visionnez l’hilarante annonce du NFL, présentée lors de l’exposé de Garth Johnson.) Les amusantes comparaisons dressées par Sandra Alfoldy entre les artisans indépendants contemporains et les artistes reconnus de l’histoire ont fait ressortir de manière réfléchie les ressemblances, au fil des années, entre les artisanes et leur art.
Si les touches humoristiques ont persisté tout au long de la journée, le panel final ayant pour thème « Interagir avec la technologie et le design » a ramené la discussion à des sujets techniques. L’enthousiasme découlant d’une exploration des possibilités actuelles présentées aux artisans par les nouvelles technologies fut tempéré par une insistance appréciée sur le fait que ces nouvelles options sont seulement de nouveaux (quoique complexes) outils – et que la main de l’artisan est toujours pertinente, voire essentielle.
Des discussions entre chacun des panels faisaient ressortir des perspectives uniques de même que de dures réalités, y compris la difficile de gagner son pain à titre d’artisan autonome, et l’impression trompeuse qu’ont parfois les artisans, que le marché voudra acheter leurs œuvres pour le simple fait qu’elles ont été faites à la main, sans tenir compte de ce que désire le marché.
Ces discussions ont stimulé le débat qui a suivi les exposés, et de nombreux participants se sont déplacés au grand hall de l’Université de l’ÉADO pour la réception suivant le symposium. C’est à cet endroit que se sont rassemblés des étudiants, des enseignants et des professionnels de tous les milieux pour échanger leurs idées et leurs réactions.
Les impressions qu’ont ressenties ceux qui ont assisté à l’événement auront sans aucun doute des répercussions sur leurs œuvres futures, et mouleront leurs modes de production, la vente, la promotion, la raison d’être et la réalité selon laquelle la nouvelle économie de l’artisanat fait partie d’une écologie artistique interreliée.
Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web du Conseil d’artisanat de l’Ontario sur le symposium.
Des enregistrements des conférences seront disponibles sous peu.