« Les métiers d’art sous forme de… » est une série de billets de blogue explorant le grand nombre de forces, de rôles et de répercussions qu’ont les métiers d’art dans la société en général. Cette série s’appuie sur la définition des métiers d’art professionnels que nous présenterons prochainement pour inspirer des conversations sur la valeur des métiers d’art, notamment sur le plan économique, culturel et social.
Les métiers d’art, fondamentalement, sont une communauté. Comme une graine que l’on sème dans le cœur et dans l’esprit de tout groupe, ce qui nous unit est le potentiel d’action, et ce que l’on cultive est le fruit de notre travail.
À une époque marquée par de grandes tragédies, les métiers d’art peuvent être une source de sécurité et de confort. Ils peuvent nous fournir un moyen d’avoir des répercussions positives et tangibles lorsque nous faisons face à de grands maux, où quelque chose d’aussi simple qu’une couverture ou un bol peut faire toute la différence. Les métiers d’art peuvent être un refuge et fournir un sentiment de sécurité dans les pires moments, et ils constituent une déclaration d’amour et de compassion tactile lorsque notre sentiment d’humanité est mis à l’épreuve.
Ce pouvoir transformateur se voit dans les actes d’innombrables artisans de partout au monde qui répondent à la crise des feux de broussailles qui se déroule actuellement en Australie. Des artisans professionnels, en plus de se réunir pour donner de l’argent à des organismes humanitaires, organisent des ventes aux enchères et donnent certaines de leurs œuvres afin de réunir encore plus de fonds. Les artisans donnent ce qu’ils peuvent en mettant leurs compétences au service des personnes dans le besoin. (Pour une liste des événements en cours, veuillez consulter la liste des efforts de financement compilée par Craft Victoria ici, dans laquelle figure notamment un tirage au sort organisé par la Jam Factory, des ventes en ligne coordonnées par Clay for Australia et des ventes aux enchères organisées par la galerie Pieces of Eight.)
De manière encore plus générale, le grand public s’est tourné vers les métiers d’art pour aider. Grâce à des techniques textiles de base, les gens se réunissent pour coudre, tricoter et faire du crochet afin de créer des poches et des nids pour les innombrables animaux rendus orphelins par ces incendies. Avec environ un demi-milliard d’animaux déjà perdus, ces actes de création offrent une aide importante aux missions de sauvetage d’animaux. La Animal Rescue Craft Guild a grandi de façon exponentielle depuis la diffusion de la nouvelle annonçant l’importance de ces incendies, et a franchi le cap des 100 000 abonnés internationaux en quelques jours seulement. La succursale canadienne, fondée le 5 janvier, a recueilli plus de 8 000 membres en seulement quatre jours. En utilisant les compétences dont elles disposaient déjà, en en apprenant de nouvelles et en les enseignant à d’autres, ces personnes pallient ces pertes extrêmes en faisant une différence tangible. Les objets ainsi créés ont eu des répercussions directes sur les soins donnés aux animaux touchés, et leur création a eu une incidence sur le plan affectif des créateurs. C’est là le pouvoir des métiers d’art.
Les changements positifs engendrés par les métiers d’art ont été vus partout dans le monde par l’entremise d’innombrables campagnes, comme le programme Days for Girls, où des couturières ont créé bénévolement des trousses menstruelles écologiques destinées aux femmes et aux filles et qui combattent la stigmatisation et qui repoussent les limites. Les métiers d’art ont aussi été une source de force commémorative et de symbolisme collectif, comme dans le cas du projet Patchwork des noms pour les victimes du SIDA (une courtepointe qui, pendant plus de 30 ans, a été source de guérison, d’espoir et de changement pour les personnes touchées — et qui continue de faire l’objet d’ajouts et d’être exposée) ainsi que des très répandus bonnets « pussyhats » de la marche des Femmes de 2017 (faisant désormais partie de collections de musées comme le Fuller Craft Museum et le Victoria & Albert).
Les métiers d’art, qu’ils soient de nature fonctionnelle, symbolique ou les deux, peuvent changer le discours. Pourquoi? Parce qu’ils sont accessibles, enseignables et tangibles. Ils habilitent les personnes qui se sentent impuissantes à sentir, avec le bout de leurs propres doigts, qu’elles font une différence grâce à la force et à la compétence dont elles sont capables en se servant de leurs propres mains. La création d’objets peut avoir des incidences sur le plan affectif en apportant, dans des périodes de grand besoin, joie, paix et clarté aux personnes qui éprouvent des difficultés.
La communauté des métiers d’art comporte un formidable potentiel positif. Peu importe la technique, les métiers d’art peuvent être une très grande source de bien social. La créativité et la compétence des artisans, conjuguées à leurs cœurs ouverts et au désir de créer des objets pour changer les choses, sont puissantes et, en tant que communauté, il nous appartient, à chacun d’entre nous, d’utiliser cette force pour le bien général. Pour l’Année des métiers d’art 2020, servez-vous de vos compétences pour améliorer le monde, et trouvez de la force dans les métiers d’art.