Chronologie du bénévolat à la Fédération canadienne des métiers d’art : 1900-2000

Les origines de la Fédération canadienne des métiers d’art/Canadian Crafts Federation (FCMA/CCF) – et de plusieurs de nos organismes membres ou affiliés – remontent au début du XXe siècle, à l’époque où la Canadian Handicrafts Guild (qui sera dotée d’un titre en français, la Guilde canadienne des métiers d’art, à partir de 1967) a été fondée. Depuis les balbutiements de cette guilde, le bénévolat est au cœur du secteur canadien des métiers d’art. Pendant plus d’un siècle, d’innombrables bénévoles ont organisé des expositions et des levées de fonds, été membres de conseils d’administration et occupé plusieurs autres fonctions. Découvrez cette chronologie, qui démontre comment les bénévoles ont influencé – et été influencé·e·s par – la création de la FCMA/CCF…

1900-1909

1900:

  • Fondation de la Canadian Handicrafts Guild (CHG) et du sous-comité des métiers d’art au sein de la division de Montréal de la Société artistique des femmes du Canada, sous la direction de Mary Alice Peck et Mary Martha (May) Phillips.
Mary Alice Peck, 1890. Source : Collection Barbara Carter.
Mary Martha (May) Phillips, sans date. Source : Dictionnaire biographique du Canada.

1902:

  • À Montréal, Peck et Phillips ouvrent la boutique Our Handicrafts Shop.
  • Peck dirige un premier comité de bénévoles qui organise une exposition de métiers d’art dans le village de Métis-sur-Mer, un lieu de villégiature populaire. L’événement réunit des artistes de métiers d’art anglophones, francophones et autochtones, ce qui en fait la première exposition du genre au Canada.
Article décrivant l’exposition de Peck à Métis-sur-Mer en 1902. Source : Heritage Lower Saint Lawrence.

1906:

  • Inspirées par le succès de leur boutique et de l’exposition, Peck et Philips constituent la CHG, un organisme bénévole sans but lucratif dont le but est de promouvoir et de commercialiser les métiers d’art traditionnels.

1910 -1929

1910:

  • Phillips entreprend une tournée de conférences dans l’Ouest canadien, qui mène à la création de divisions de la CHG partout au pays. Les bénévoles de la CHG, principalement des femmes de milieu aisé, créent des collections, organisent des expositions et favorisent la vente d’œuvres dans le but de relancer et de développer ce qu’elles appellent les « industries d’art domestique ».

1914-1920:

  • Durant la Première Guerre mondiale, les membres de la CHG se portent volontaires pour aider les combattants. Peck enseigne le tissage aux soldats blessés et, en 1919, elle fonde chez elle Undermount Industries, un programme qui permet aux vétérans d’apprendre les métiers d’art à des fins thérapeutiques et pour gagner un revenu.
Un vétéran fait une démonstration de la reliure lors de l’exposition de la Canadian Handicrafts Guild, 1927. Source : Archives de La Guilde.

1920:

  • Après la guerre, des programmes similaires sont organisés par les autres divisions de la CHG partout au pays. En Alberta, par exemple, des bénévoles collaborent avec des hôpitaux pour anciens combattants vivant avec un handicap afin que ceux-ci puissent être rémunérés grâce aux métiers d’art.

L’entre-deux-guerres et la Grande Dépression

1920-1935:

  • La CHG n’est pas seule : de nombreuses associations indépendantes de métiers d’art voient le jour au cours des années 1920 et 1930. Elles s’appuient toutes sur la participation de bénévoles : c’est notamment le cas de Cape Breton Home Industries, la Victoria Island Arts and Crafts Society, Mount Allison Handicrafts, Charlotte County Cottage Crafts et la North Lanark Weavers Guild.

1928:

  • La division manitobaine de la CHG accueille son premier événement : le New Canadian Folk-Song and Handicraft Festival, un événement qui invite les personnes ayant récemment immigré dans la province à démontrer leur riche héritage culturel.
Publicité pour le New Canadian Folk-Song and Handicraft Festival, 1928. Source : The MCML Blog.

1931:

  • À Toronto, plusieurs personnes intéressées par les métiers d’art se réunissent pour former la Handicrafts Association of Canada (qui fusionnera plus tard avec la CHG pour devenir sa division ontarienne). Le groupe organise la vente d’articles de métiers d’art dans le magasin phare d’Eaton sur la rue College. Grâce à ces revenus, ce comité de bénévoles achètera plus tard un local commercial consacré aux métiers d’art de l’Ontario.

Années 1930s:

  • Pendant la Grande Dépression, les membres de la CHG redoublent d’efforts, car la vente d’articles de métiers d’art est une source de revenus supplémentaires dont les artistes ont grandement besoin. La division de Montréal fonde une école de tissage pour former des enseignants et enseignantes qui, à leur tour, formeront les agriculteurs du Manitoba et de l’Alberta.
  • La division manitobaine de la CHG met sur pied une bibliothèque de publications sur les métiers d’art et de patrons à l’intention des ateliers et des artistes.

L’après-guerre

1945:

  • Les bénévoles de la CHG collaborent avec le Musée royal de l’Ontario pour organiser une exposition majeure intitulée Design in Industry, qui traduit l’engouement croissant pour les métiers d’art à cette époque.

1946:

  • Jean Russell et Elena (Arkell) Wait élargissent les activités de bienfaisance de la Junior League of Vancouver en soutenant les arts. Elles créent le Community Arts Council of Vancouver, qui soutient les artistes et les organismes artistiques tout en organisant des expositions. Fondée en 1972, la Craftsmen Association of British Columbia est issue de cette organisation.

1960-1969

1964:

  • Aileen Vanderbilt Webb, Margaret Patch et Kamaladevi Chattopadhyay fondent le Conseil mondial des métiers d’art et organise sa première assemblée générale, à laquelle participent 942 personnes issues de 47 pays, dont 30 originaires du Canada. Le Conseil mondial des métiers d’art promeut la professionnalisation des métiers d’art à l’échelle mondiale.
Aileen Vanderbilt Webb et son tour de poterie. Source : American Craft Council.
Kamaladevi Chattopadhyay. Source : Wikipedia.
  • À la suite de l’assemblée générale du Conseil mondial des métiers d’art, le Conseil canadien pour les arts de l’espace/Canadian Council for the Environmental Arts (rebaptisé plus tard Canadian Craftsman’s Association) est constitué. Il s’agit d’un autre organisme national dédié aux métiers d’art qui met l’accent sur le professionnalisme, la modernisation et l’avancement de l’enseignement supérieur des métiers d’art.

1970-1979

1970:

  • Dans ce contexte de professionnalisation, de nombreuses bénévoles du comité des femmes de la Guilde canadienne des métiers d’art sont qualifiées d’« amatrices » en décalage avec la modernité. Malgré cela, elles continuent à jouer un rôle actif dans le secteur des métiers d’art.

1974:

  • La Guilde canadienne des métiers d’art fusionne avec la Canadian Craftsman’s Association pour former le Conseil canadien des métiers d’art.
  • À Toronto, le rassemblement biennal du Conseil mondial des métiers d’art réunit 1500 personnes issues de 70 pays. Plus de 170 femmes bénévoles participent à l’organisation de l’événement, notamment en tant que guides pour l’exposition, In Praise of Hands. Sandra Alfoldy cite les propos de ces bénévoles : « Bien que leurs noms ne soient mentionnés dans aucune publication, et que leurs voix se fassent peu entendre dans le cadre de l’exposition ou des commentaires à son sujet, elles ont déclaré : “Même si peu d’attention a été accordée à nos points de vue à l’échelle du comité, il ne fait aucun doute que l’exposition porte l’empreinte de notre personnalité.” »
Catalogue de l’exposition, In Praise of Hands, 1974.

1975:

  • Le comité directeur de l’Année internationale de la femme organise l’exposition « Women and the Arts » à la Art Gallery of Harbourfront. Plusieurs artistes comme Joyce Wieland, Jo Manning et Judith Currelly y participent.

1977:

  • La Fondation de la famille Samuel et Saidye Bronfman crée le prix Saidye-Bronfman.

1979:

La Fondation de la famille Samuel et Saidye Bronfman crée le prix Saidye-Bronfman.
  • Jean Johnson commence à diriger le studio des métiers d’art du Harbourfront Centre. Elle met en place une bibliothèque de ressources et un comité consultatif composé de bénévoles.

1980-1999

1988:

  • Le Musée canadien des métiers d’art ouvre ses portes à Vancouver grâce au soutien bénévole et à plusieurs dons. Ses activités prendront fin en 2002.

1995-1998:

  • Le gouvernement fédéral cesse de financer le Conseil canadien des métiers d’art. Joan Waldorf et un groupe de cinq bénévoles, y compris Robert Jekyll, continuent de diriger le Conseil depuis son domicile. Ce groupe travaille sans relâche, et sans rémunération, pour maintenir les activités de l’organisme.

1998:

  • Des personnes représentant diverses provinces se réunissent pour discuter de l’avenir du Conseil canadien des métiers d’art, ce qui conduit à la fondation de la Fédération canadienne des métiers d’art/Canadian Crafts Federation (FCMA/CCF). Cette transformation marque le début d’une nouvelle ère pour les métiers d’art canadiens et l’accroissement du rôle joué par les organisations provinciales consacrées à ce secteur.

1999:

  • La première assemblée générale annuelle de la FCMA/CCF se déroule par téléconférence et les premières personnes à la diriger sont élues.

Depuis la création de la FCMA/CCF en 1998, les bénévoles ont été la pierre angulaire de l’organisme. En effet, notre héritage de bénévolat remonte à nos pionnières, Mary Alice Peck et Mary May Phillips. Les membres de notre conseil d’administration donnent généreusement de leur temps, et nous reconnaissons que notre réussite continue dépend du dévouement de bénévoles qui mettent leurs compétences et leur passion au service de l’avancement du secteur canadien des métiers d’art. Le bénévolat ne façonne pas seulement notre passé : il ouvre aussi la voie à notre avenir, en veillant à ce que nous restions une communauté dynamique et inclusive dédiée aux artistes des métiers d’art du Canada.


Bibliographie:

Sandra Alfoldy, Crafting Identity: The Development of Professional Fine Craft in Canada. Kingston/Montreal: McGill-Queen’s University Press, 2005. 

Sandra Alfoldy, “Global Peace Through Craft: The Formation of the World Crafts Council.” Garland Magazine, February 26, 2019. https://garlandmag.com/loop/sandra-alfoldy/ 

“Another Metis Connection: Alice Peck – The Canadian Handicrafts Guild.” Heritage Lower Saint Lawrence, https://heritagelsl.ca/alice-peck-and-the-canadian-handicrafts-guild-another-metis-connection/ 

“Craft Ontario Volunteer Committee,” Craft Ontario. https://www.craftontario.com/membership-programs/awards/19-membership-programs/craft-awards/261-craft-ontario-volunteer-committee.html 

Brandi Goddard, “History of the Edmonton Branch of the Canadian Handicrafts Guild, 1911-1966,” Edmonton City as Museum Project, April 20, 2021. https://citymuseumedmonton.ca/2021/04/20/history-of-the-edmonton-branch-of-the-canadian-handicrafts-guild-1911-1966/ 

Alice Hamilton, “The New Canadian Folksong and Handicraft Festival, 1928.” MCML Blog: Crafting for the Community, October 23, 2020. https://c2centreforcraft.ca/2020/10/23/crafting-for-the-community/ 

Joyce Lovelace, “Who Was Aileen Osborn Webb?” American Craft, August/September 2011. https://www.craftcouncil.org/magazine/article/who-was-aileen-osborn-webb 

Ellen Easton McLeod, “PHILLIPS, MARY MARTHA (May),” Dictionary of Canadian Biography. http://www.biographi.ca/en/bio/phillips_mary_martha_16F.html 

Ellen Easton McLeod, The Women of the Canadian Handicrafts Guild. Kingston/Montreal: McGill-Queen’s University Press, 1999. 

“OCAD University Remembers Honorary Fellow, Jean Johnson, CM.” OCAD University, June 3, 2014. https://www2.ocadu.ca/news/ocad-university-remembers-honorary-fellow-jean-johnson-cm  

“Our History.” La Guilde. https://laguilde.com/en/blogs/a-propos/notre-histoire 

“PECK, Alice (Mrs. James Peck).” Canadian Women Artists Initiative. https://cwahi.concordia.ca/sources/artists/displayArtist.php?ID_artist=5566

“PHILLIPS, Mary Martha.” Canadian Women Artists Initiative. https://cwahi.concordia.ca/sources/artists/displayArtist.php?ID_artist=230